Les Fleurs du Mâle / 2013

Qui sont ces femmes fleurs alanguies, endormies dans des brassées de couleurs vives, comme noyées sous les sortilèges des passions éternelles, et, parce que la technique est parfaitement maitrisée, la vie se mêle d’être rêve en couleur, et la couleur devient matière, feu, sourire encore, quand, cachés dans les prés, d’une rose émerge la corolle d’un sein, l’orée d’un bois sombre à peine effleuré. Certaines de ces belles offertes visitent nos rêves d’éternité, de printemps jamais finissants, que la fête continue, on veut y croire, on sait l’impossible. Cette exposition tient de l’entre deux guerre, années et herbes folles et feu d’artifice, ivresse, désordre, incertitude, et de la confusion surgit alors la lumière. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a ici du vertige.

Texte de Marie-Christine Doux

Etoiles et toiles / 2010

Ivre de cinéma et de peinture, Gérard Picard joue ici avec les étoiles. On regarde et on décolle grâce aux jeux des couleurs et des matières. Gene, Ava, Rita, Robert, Humphrey, Burt apparaissent sous un jour éclairé, vivants. Il y a ici un travail approfondi de recherche, d’effets nourris par le mélange des teintes sur la toile. En interprète habile du pinceau, Gérard Picard nous fait partager son regard sur les moments magiques de l’histoire du cinéma des années cinquante. La lumière qu’il pose sur les acteurs est le plus souvent douce comme une caresse avec une pointe de citron. Pour la représentation de ces icones du XX ème siècle, il joue à faire revivre le pop–art, cher à Andy Warhol, cette joie et effervescence des couleurs. À la magie du cinéma, le peintre vient régulièrement rendre hommage. Autre sortilège, autre envoutement. Laissons-nous aller au charme.

Texte de Marie-Christine Doux et Gérard Picard

Des traces et des monts / 2009

Fixer sur la toile les images qu’on garde du voyage au-dessus des nuages 
Ne laisser d’autres traces, oublier ses pas
La montagne les a effacé.
Restent l’avalanche des couleurs, la démesure des cimes
Les frémissements du vent
La montagne respire
Chaque saison invente les paysages
Chaque ruisseau, des lacs sauvages
La montagne frémit, ruisselle, tonne.

Gérard Picard a eu le désir de vous faire partager sa passion de cette haute nature.

Sa palette y sert les saisons, des griffes du froid à la signature du printemps. Gérard nous offre une évocation très personnelle de la montagne, quand elle apparaît aux hommes sous sa forme la plus abordable, apprivoisée et lumineuse, et aussi mystérieuse qu’une âme d’enfant, que Gérard semble avoir tenté de retrouver ici, dans cet espace entre l’échelle et le ciel.

Texte de Marie-Christine Doux et Gérard Picard

CANAL SUD / 2008

Une nouvelle exposition sera dans nos murs début juin. Il s’agit de toiles ayant essentiellement pour thème les années cinquante et présentées par Gérard Picard.

Les expositions se suivent et ne se ressemblent pas, comme il en va des années, sauf pour certains, et pas toujours pour le meilleur. L’époque n’est pas à la joie et on oublie le passé qui peut paraître avoir sombré corps et biens en laissant seulement quelques traces dans lesquelles il est bien difficile de marcher. Gérard Picard pense qu’il est important de transmettre, chacun à sa manière, comme il et à qui l’entend ou le voit, la perception de ce qu’il reste d’un temps toujours perdu. Hannah Arendt, immense philosophe et économiste écrivait au début des années soixante, dans son ouvrage « la crise de la culture » qu’il n’y a pas d’héritage sans testament. C’est à dire que nous ne pouvons envisager l’avenir qu’à travers ce que nous savons du passé. Ceci pour le coté culturel mais, en douce, Gérard Picard m’a avoué que dans cette exposition, il a aussi donné cours à ses fantasmes sur la représentation de la femme à cette époque où elles ressemblaient pour la plupart à des femmes en vraie chair. Il m’a dit aussi avoir besoin d’air pur, comme tout le monde, et que c’est la raison pour laquelle il a choisi de plonger dans le bleu de ces années là, dans le flot clair de ces années d’après-guerre, dites aussi des trente glorieuses, et dédiées à la vie.

Gérard Picard expose ici quelques moments de cette histoire dans un style proche de la figuration narrative, proche de la BD.

À ce moment de l’histoire, l’horreur est passée, mais tout le monde ne l’oublie pas, d’où également les toiles sombres quand l’alcool vient à l’aide des laissés pour compte. Pour les autres et la majorité, on va vite essayer d’aller vers l’avenir, en courant et en technicolor. On croit au progrès, on joue aux cubes et on part en vacances. Un vent de liberté commence à souffler avec des couleurs gaies, très artificielles. Les femmes deviennent blondes, et vont bientôt se faire entendre. En attendant, elles sont belles et elles y croient. De fait, la plupart y croit, à tout, à l’avenir, au présent, à la machine à laver et aux pains de sucres. Rien ne peut plus faire de mal. Les couleurs explosent et le monde rit. Du moins essaie, et tous les essais méritent d’être transformés.